Dans notre
parasha on nous parle des rêves de
Pharaon qui, d'une certaine manière constituent une réponse à ceux de Yossef,
en effet, il y a un même élément qui apparaît : le blé. Il est intéressant de
noter que selon un des avis dans le Talmud celui-ci constituerait l'arbre de la
connaissance auquel Adam et H'ava ont illicitement goûté (cela est basé sur le
fait que blé se dit "h'ita" et faute "h'èt"). C'est donc ce
même élément qui nous fait descendre en Egypte, mais surtout qui marque notre
lien aux non-juifs, nous nous devons de réparer la nature de transformer le blé
en pain, c'est ainsi que Ya'akov lorsqu'il vendit un plat de lentille à Essav,
en échange du droit d'aînesse, il lui vendit également du pain ("leh'em
venezid adashim"), et c'est ainsi qu'à la sortie d'Egypte le blé
devient de la matza (pain azyme) - son ultime réparation…
Yossef
interprète les rêves de Pharaon et on nous parle de sept années d'abondance
suivies de sept années de sécheresse. Toutefois, la Torah ne nous précise pas
pourquoi l'Egypte va être frappée par la sécheresse, auraient-ils
particulièrement fauté ?
Pour
pouvoir essayer de répondre à cette question, il nous faut comprendre les bases
de la société égyptienne. Dans la parasha précédente, nous avons vu que
lorsqu' Yossef arrive à la maison de Potiphar, il reçoit de suite un rôle
important, de même lorsqu'il arrive en prison, il reçoit directement un rôle à
responsabilité élevée. Excepté la Présence Divine qui l'accompagnait, il n'y a
rien qui puisse justifier cela si ce n'est un caractère justement égyptien : en
Egypte, compte sur l'homme.
L'homme
est fort, puissant, dominateur et dominant, il est maître de son sort et de
celui d'autrui et cela ne nie en rien l'idolâtrie à laquelle ils s'adonnaient.
Dans ce même sens et pour illustrer ce propos, le midrash rabba nous raconte
que l'Egypte était pleine de magiciens - hommes illustres aux pouvoirs énormes
pouvant changer la réalité, dans son apparence, en tous cas. L'homme au centre
du monde. Yossef lui-même est influencé par cette vision du monde, il demande
aux maître-échanson et panetier de se souvenir de lui et de rappeler son nom
devant Pharaon, il les implore. Nos Sages, dans le midrash, ne tardent pas à
critiquer ce phénomène et d'avouer que pour cette raison D' lui ajouta encore
deux années supplémentaires en prison. Il est également connu que les Pharaons
se considéraient comme étant divins - preuve de cette même vision du monde,
l'homme agit, l'homme crée des changements, l'homme est dieu.
Par opposition
à cette vision du monde, D' punit l'Egypte par la famine et la sécheresse,
soudainement on remarque que tout ne dépend pas de nous, en outre, nul ne sait
interpréter les rêves de Pharaon, dont toutes les forces du monde n'aident en
rien à comprendre ce qui se passe dans sa propre tête. Il ne peut pas accepter
avoir un monde au delà de son conscient.
On aurait
pu penser que D' pour réparer cette vision du monde aurait pu puissamment Se
dévoiler et montrer aux yeux de tous qu'il n'est aucune rédemption à quiconque
compte sur l'homme. Mais D' fait une réparation plus importante. Il ne dit pas
: ne comptez pas sur l'homme. Il dit : comptez sur l'homme qui compte sur D' !
Yossef
arrive en terre égyptienne et provoque un changement radical dans leur vision
du monde. Ses forces, il les puise dans sa foi, comme nous l'enseignent nos
Sages. Il fait comprendre qu'ils peuvent compter sur lui, car il est
"l'ustensile" de la force Divine. Une fois ce message intégré, les
frères peuvent descendre en Egypte et s'y installer.
Cette même
histoire, celle de l'homme tout-puissant comme société est également l'histoire
de la guerre contre les Grecs, celle de H'anouka. Force physique et esthétique
(tels les jeux olympiques), au centre du monde. Antiochus Epiphane était un
dirigeant privilégiant la débauche et la violence, ceci constitue la sous
société grecque contre laquelle la lutte est évidente. Mais comme dans toute
société, il y a également une haute société. Leurs activités - la philosophie,
les sciences, etc. ont fait passablement avancer le monde et on leur en est
redevable. Toutefois, ces avancées technologiques, et cela est valable de nos
jours aussi, sous-tendent très souvent des valeurs qui ne sont pas les nôtres.
Des valeurs comme la démocratie, la tolérance, le droit du particulier, sont
évidemment bienvenues dans le judaïsme, mais souvent, malheureusement, elles
deviennent unilatérales et extrêmes au point qu'on ne veuille plus se lier au
Peuple d'Israël, la notion de communauté disparaît. Cela est évidemment un
désastre qui nie toutes les valeurs de solidarité auquel le Judaïsme nous
éduque.
Parfois on
sent le téléphone vibrer dans la poche, alors qu'il n'y est pas, n'est-ce pas
comme si on nous avait ajouté un organe nouveau aux effets fantômes, auquel on
devient dépendant?
Le
capitalisme a ses bons et ses mauvais côtés, mais il faut se rappeler que ce
n'est pas tant l'homme qui est au centre, mais l'homme qui fait confiance en D'
et qui sait quand se battre, car il faut un certain déterminisme et préparation
à cela.
H'anouka marque donc
l'indépendance du Judaïsme comme culture et comme Peuple, ouverte aux valeurs
positives tant qu'elles savent s'intégrer dans nos valeurs nous éduquant en fin
de compte à une confiance en D'. Je pense que cette même réparation que Yossef a accompli dans son lien avec
l'Egypte, et les Hasmonéens avec les Grecs doit être faite aujourd'hui avec les
valeurs occidentales.
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